quand la géopolitique se mêle au sport
À moins de six semaines de la FIBA Women’s Afrobasket 2025, les espoirs de préparation optimale de la sélection nationale sénégalaise sont brutalement freinés. La raison ? Un refus de visas par les autorités américaines à 18 membres de la délégation, dont cinq joueuses et treize encadrants. Un revers diplomatique qui soulève, une fois de plus, la question du traitement réservé aux délégations sportives africaines dans les pays développés.
Un stage stratégique… malheureusement avorté
Initialement, les Lionnes du Sénégal devaient entamer un stage de préparation aux États-Unis. L’objectif : bénéficier d’un encadrement de haut niveau, affiner les automatismes du groupe et disputer des matchs de rodage contre des équipes locales. Un programme stratégique, surtout dans la perspective d’un tournoi aussi relevé que l’Afrobasket, qui aura lieu en Côte d’Ivoire du 26 juillet au 3 août.
Mais sur les 21 personnes prévues, seules deux joueuses et deux membres du staff ont obtenu leur visa. Insuffisant pour maintenir le déplacement : les plans de la Fédération sénégalaise de basketball (FSBB) tombent à l’eau à un moment clés de la préparation.
Dossiers complets, mais portes closes
D’après plusieurs sources proches du dossier, toutes les démarches avaient été correctement menées : lettres de facilitation du ministère des Sports, prises de rendez-vous, garanties d’hébergement et de retour… Rien n’a été laissé au hasard. Pourtant, l’ambassade des États-Unis à Dakar n’a pas donné suite favorable à la majorité des demandes.
C’est un coup dur, car on avait tout anticipé.
Ce refus est injustifiable d’un point de vue administratif,
Déplore une source au sein de la FSBB.
Politique migratoire du Président Donald Trump
Le timing de ce refus interroge. Début juin, une directive signée par Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, a restreint l’entrée sur le territoire américain pour 12 pays, et menacé 36 autres sous surveillance, parmi lesquels 25 pays africains, dont le Sénégal.
Ce n’est pas la première fois que le sport africain est pris en otage par la géopolitique et ce ne sera malheureusement pas la dernière, tant que les programmes de préparation de haut niveau dépendront de l’étranger.
Deux plans de secours… sans certitude
La FSBB étudie désormais deux scénarios :
- Un Plan A où l’entraîneur américain Otis Hughley poursuit le travail avec les joueuses déjà aux États-Unis, avant de revenir à Dakar début juillet pour une phase finale collective.
- Un Plan B, plus réaliste mais moins optimal, prévoit un regroupement général au Sénégal, sans la présence immédiate du sélectionneur, qui ne serait disponible qu’en juillet.
Aucune décision définitive n’a encore été prise.
Une ambition intacte malgré l’obstacle
Malgré ce blocage, les Lionnes du Sénégal gardent la tête haute et en ligne de mire leur objectif : reconquérir un 12e titre continental. Placées dans le groupe C aux côtés de l’Ouganda et de la Guinée, elles restent une nation phare du basketball africain.
Mais cette mésaventure pose une question plus large : jusqu’à quand les sélections africaines devront-elles dépendre de structures extérieures pour se préparer dans de bonnes conditions ?
